LE PAYS DES AUTRES – L. SLIMANI

EN BREF

Mathilde est une jeune alsacienne, qui après la guerre décide de quitter la métropole pour suivre Amine, ancien tirailleur marocain qui a combattu avec l’armée française.

On suit, entre autres, Mathilde qui essaye de trouver sa place dans ce pays qu’elle ne connait pas et dont les mœurs sont différentes des siennes.


On suit aussi l’évolution des relations entre les colonisés et les colons, à l’aube de l’indépendance du Maroc.

Alors de quelles thématiques est-il question?

  • Culture marocaine & culture française
  • Couple mixte
  • Quête d’identité d’une enfant métisse
  • Colonisation et indépendance du Maroc dans les années 1950

La découverte de la culture marocaine

On découvre à travers les yeux de Mathilde le Maroc et plus particulièrement la campagne marocaine car Amine a décidé de reprendre la ferme de son père.
Enviée par son entourage en métropole de cette vie qu’ils croient exotique, Mathilde va très vite s’habituer et se lasser de ce nouveau paysage.

Rien, ni la couleur des arbres, ni celle du ciel, ni même le goût que le vent laissait sur la langue et les lèvres, ne lui était familier. Tout avait changé.

Le pays des autres – slimani

Elle va très bien s’intégrer dans sa belle-famille, elle va apprendre l’arabe et se lier d’affection pour Selma, sa jeune belle-sœur qui est une des rares marocaines à étudier.
Elle va au travers de sa belle famille, découvrir les mœurs des marocains, en particulier la place des femmes dans cette culture qui est décrite comme très maternalisante et souvent réduite à se soumettre à son mari et à s’occuper du foyer.

Mouilala n’avait plus rien de neuf à offrir. Sa vie consistait à tourner en rond, à accomplir encore et toujours les mêmes gestes, avec une docilité, une passivité qui écœuraient Selma.

le pays des autres – slimani

Les difficultés engendrées par cette mixité

Amine, son mari ne parvient pas facilement à trouver sa place dans sa relation de couple avec cette française, il est souvent partagé par la fierté d’avoir une femme européenne autant qu’il l’abhorre car ça complique son quotidien. En effet, il ne sait pas réagir face à certains chocs culturels.
Mathilde, de même, a du mal à trouver sa place en tant que femme dans ce pays où les femmes sont moins éduquées et plus soumises, elle s’ennuie et semble résignée.

Malgré l’invraisemblance d’une telle opération, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer que la fourgonnette s’enfonce dans les nuages, qu’elle les mène vers des lieux nouveaux, où elles pourraient rire comme des aliénées, où elles verraient sous un autre angle cette colline loin de tout.

le pays des autres – slimani

Aicha: une enfant issue du métissage

Le point de rencontre de ces deux cultures va se retrouver incarné en leur fille: Aicha que l’on suit beaucoup dans le livre.
Cette métisse va être en quête de son identité dans tout le livre, ni française, ni marocaine elle ne va se sentir nulle part à sa place finalement.
En effet, elle va intégrer une école catholique exclusivement française mais de par son métissage, elle va être humiliée et se tourner dans la religion.
On est pris de compassion pour cette petite Aicha qui va vivre des moments terribles et injustes, elle parait incomprise tout au long du livre.

La revendication de l’indépendance du Maroc

Et bien sûr, en y allant crescendo, on va suivre l’évolution du Maroc et du peuple marocain qui réclame l’indépendance du Maroc et la vengeance face à l’envahisseur français.

Il fut un temps pas si lointain où nous appelions terroristes ceux qui sont devenus des résistants. Après plus de quarante ans de protectorat, comment ne pas comprendre que les Marocains revendiquent cette liberté pour laquelle ils se sont battus, cette liberté dont nous leur avons transmis le goût, dont nous leur avons enseigné la valeur ?

le pays des autres – slimani

L’autrice donne une image des marocains très stigmatisée: hommes violents et femmes contraintes, soumises aux hommes.

Mais elle décrit aussi les français de façon très péjoratives : persécuteurs, intolérants, racistes.

Il avait tenté de les convaincre que lui était différent, qu’il n’était ni fourbe, ni fataliste, ni fainéant, comme les colons aimaient à parler de leurs Marocains.

le pays des autres – slimani

Au final, on ne peut pas choisir de camp et je pense que c’est l’effet escompté.

BILAN

Pour moi, ce livre explique l’origine des tensions entre français et musulmans français au travers des conséquences de la colonisation.
En finissant ce livre on a les moyens de comprendre pourquoi est-ce que les maghrébins sont si attachés à leurs origines et les revendiquent, mais aussi pourquoi est-ce que les français ont peur des musulmans.

Il pensa qu’il en allait du monde des hommes comme de la botanique. À la fin, une espèce prenait le pas sur l’autre et un jour l’orange aurait raison du citron ou l’inverse et l’arbre redonnerait enfin des fruits comestibles

le pays des autres – slimani

J’ai trouvé des incohérences dans certaines réactions d’Amine et de Mathilde. La décision que prend Amine pour sa sœur ainsi que la pseudo-décision que prend Mathilde après l’enterrement de son père. Je n’ai pas compris.
L’intrigue n’est vraiment pas centrale dans ce livre, c’est secondaire, on pourrait presque le qualifier de roman biographique/historique même si je ne sais pas quantifier ce qui est vrai de ce qui est subjectif à l’autrice..
J’adore toujours autant l’écriture de Leila Slimani qui est très fluide, j’ai eu du mal à lâcher le livre, comme à chaque fois car elle arrive à créer des personnages puissants.

Cependant, à la fin de la lecture, une interrogation se pose: A quel point est-ce une œuvre subjective?

Note : 8 sur 10.

DIS-MOI

2 réflexions sur “LE PAYS DES AUTRES – L. SLIMANI

  1. Il est vrai que choisir son camp est impossible ! Leila Slimani s’est inspirée de l’histoire de ses grands-parents et je pense que tout ce qu’elle aborde dans le livre la travaille depuis longtemps.

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